Nevers : une exploration ludique

Les pétales tombent sur l'asphalte humide. Autour de moi, les parapluies se secouent, les manteaux se nouent. Quelques flaques d'eau se reflètent sur le parking. Ah ! Quand il pleut à Nevers, c'est pour la journée entière... Eh bien, soit ! J'irai explorer la capitale de la faïence en imper'. Petite, j'adorais partir à la chasse aux escargots, armée de mes bottes jaunes en caoutchouc. Chaque goutte de pluie devenait complice de cette quête lente et méthodique. Les petits gastéropodes semblaient surgir de nulle part, se frayant un chemin dans l'herbe spongieuse. À présent, devenue grande, cette enfant curieuse sommeille toujours en moi. Alors, sous la pluie battante neversoise, je me lance le défi – digne de mes escapades d'antan : Visiter Nevers sous la pluie. Allez, cap !

Visiter Nevers

Que faire à Nevers ?

Cap de toucher les cieux ?

Les yeux brillants d'excitation, je lève la tête pour contempler les toits de la ville. Mon regard vole. "Cap !" Je m'élance en direction de la cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte. Elle est imposante, gigantesque, semble toucher les étoiles. Je me dirige vers la Tour Bohier, haute de 52 mètres. Cette tour a été commandée par l'évêque Jean VIII Bohier, au XIVème siècle, et achevée deux siècles plus tard. Elle veille depuis lors sur tout Nevers.

La clé tourne dans la serrure. Clic. La porte s'ouvre et révèle un escalier en colimaçon. "Ne regarde pas en tes pieds", me prévient Alexandra, gardienne des lieux et dénicheuse créative à l'Office de Tourisme de Nevers. "Fixe un point plus haut, sinon tu auras le tournis !" Et pour cause, la tour compte 285 marches ! Sur les murs, on peut déchiffrer les traces du passé, des messages, des signatures, des entailles, des énigmes... Plus je monte, plus je me plonge dans l'histoire.

Un monde miniature

Et puis, le plaisir ultime lorsque j'ouvre enfin la toute dernière porte : le sommet, enfin ! Vu d'en haut, on dirait une maquette, un monde miniature... Tout est si petit. La tour est ornée de statues monumentales, représentant des figures de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que de gargouilles impressionnantes. Le Bossu n'a qu'à bien se tenir ! (Enfin, façon de parler...)

Cap de capturer un arc-en-ciel ?

L'une des lumières les plus éblouissantes réside au cœur de cette cathédrale ! Tout au long de la journée, j'ai joué à cache-cache avec le soleil ; je pensais qu'il était derrière un nuage, mais, de toute évidence, il s'amusait ici ! Dehors, le ciel est maussade, mais à l'intérieur... des teintes de rose, d'orange, de jaune. L'été y règne en permanence. Cet invincible été perdure depuis 15 siècles. Érigée au Vème siècle, la cathédrale n'a cessé de se renouveler. Détruite à maintes reprises, elle est toujours reconstruite. Et voici une légende...

Tout commence par un songe – et un sanglier. À la fin du VIIIème siècle, Charlemagne raconte son rêve à ses conseillers. Poursuivi par un sanglier en pleine forêt, il implore d'être sauvé. Un enfant lui promet assistance en échange d'un vêtement. Le roi accepte, l'enfant s'en va, suivi du sanglier. Le récit terminé, l'Évêque de Nevers explique au roi que l'enfant était Saint-Cyr et que la tenue demandée symbolisait la restauration de la cathédrale. Touché, Charlemagne verse de l'argent au diocèse de Nevers, permettant ainsi la reconstruction de l'édifice.

Des vitraux magiques

La Seconde Guerre mondiale marque profondément la Cathédrale Saint-Cyr et Sainte-Julitte : un bombardement entre les 15 et 16 juillet 1944 provoque d'importants dégâts. Les vitraux sont pulvérisés, le mobilier réduit en poussière, le sous-sol ébranlé et l'orgue anéanti. Tel un phénix, elle renaît de ses cendres. Et elle évolue. Entre 1977 et 2011, plusieurs artistes donnent naissance à une série de vitraux contemporains. Cet ensemble est le plus imposant d'Europe, comptant 130 baies et 1052 m² de verrières. Je vous assure, face à un tel exploit, personne ne reste indifférent. Pour ma part, j'ai été charmée par cette danse de lumière.

Cap de faire un vœu ?

Sschouh. La flamme oscille lorsque je repose le cierge ; la cire emplit l'air de son parfum. Quelques âmes se recueillent, là, tout près de Sainte-Bernadette. On dirait qu'elle sommeille... Je me demande à quoi elle rêve. Je m'assois sur le banc en bois sombre. Le silence m'envahit. Ici, même les anciennes pierres murmurent des prières. Elles auraient tort de s'en priver ! Elles veillent sur Bernadette Soubirous, celle qui a fait de Lourdes, petite ville des Pyrénées, un centre mondial du pèlerinage. Celle qui, dans la grotte de Massabielle, a eu 18 visions de la Vierge (1858).

"Aquero", dira-t-elle pour désigner sa toute première vision de la Vierge Marie (ce qui signifie "cela" en occitan).

Mais alors, pourquoi ?

Mais alors, pourquoi est-elle inhumée à Nevers ? Car, à 22 ans (1866), Bernadette quitte sa région natale pour la Nièvre et entre au couvent des Sœurs de la Charité, à Nevers. Son credo ? Vivre simplement, loin des projecteurs, du glamour et des paillettes. Elle repose désormais au Sanctuaire de Nevers, dans une châsse de verre de la Chapelle.

Et pourquoi le corps de Bernadette est-il intact ? Le corps de Bernadette Soubirous, décédée à l’âge de 35 ans des suites d’une douloureuse maladie, a été découvert intact lors de son exhumation en 1909, soit 30 ans après son décès. Ce phénomène a suscité l’émerveillement et l’étonnement de nombreux croyants et scientifiques. L’Église a procédé à une série d’examens et d’analyses médicales avant et après l’exposition du corps, mais aucune explication définitive n’a été donnée quant à la préservation extraordinaire du corps de Bernadette. Cela demeure un mystère qui continue d’inspirer les fidèles du monde entier…

“Je n’oublierai personne”

Où manger à Nevers

  • L'Estaminet : un service chaleureux et amical ! Les cocktails sont délicieux et ouvrent parfaitement l'appétit. La carte est simple, mais avec de beaux produits. 

Où dormir à Nevers 

  • Bonjour Guest House : dépaysement garanti grâce aux propriétaires qui, après avoir vécu de nombreuses années en Asie et réalisés de nombreux voyages, ont ramené de merveilleuses pièces de collection. Un beau voyage vous attend, pour une nuit, et bien plus !

Une parenthèse joyeuse et pleine de surprise

Reportage réalisé dans le cadre de ma mission “Mange, Prie, Aime” avec Villes Sanctuaires en France.