Un voyage historique dans le Lot
Vous vous apprêtez à visiter Cahors, capitale historique du Quercy, nichée dans le sud-ouest de la France. Quels sont les événements marquants qui ont façonné cette cité du Lot au fil des siècles ? Partez à la découverte de la ville antique, de son passé médiéval. Approchez une spiritualité portée par la relique de la Sainte Coiffe et par la position de la cité sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Causses, grottes, vignobles et forêts dans le Quercy
À équidistance de l’Atlantique et de la Méditerranée, dans le sud du département du Lot, en région Occitanie, Cahors se développe dans un méandre du Lot, formant ainsi une presqu’île. La ville est entourée d’un paysage varié : un vignoble réputé, des forêts et les reliefs calcaires du Parc naturel régional-Géoparc mondial UNESCO des Causses du Quercy. D’une colline à l’autre, l’altitude varie de 100 à 332 mètres.
La région naturelle du Quercy est composée de causses, vastes plateaux calcaires et de pelouses sèches où pâturent les célèbres brebis Caussenardes en harmonie avec une fragile biodiversité.
Les grottes ornées de Pech Merle et de Cougnac témoignent d’une présence humaine dès la Préhistoire, mais c’est vers 51 av. J.-C. que le peuple gaulois des Cadurques entre assurément dans l’histoire.
Cahors : quelques dates à retenir
Antiquité
Autour de 51 av. J.-C., Cahors, fondée par l’empereur Auguste, est rattachée à l’empire romain. Elle est alors peuplée par les cadourques, gaulois qui vénèrent Divona la déesse des eaux, des sources et fontaines
Dioclétien fera arracher toutes les vignes à Cahors et aux alentours au 1ᵉʳ siècle, et c’est au 3ᵉ siècle que Probus donnera l’autorisation de replanter.
Dans la cité de Divona Cadurcorum sont construits : aqueduc, thermes, amphithéâtre, temples, maisons tapissées de mosaïques… Un temple circulaire est découvert lors de la construction de la maternité dans les années 80. Et entre 2003 et 2006, lors de la construction du parking souterrain au cœur de la ville, c'est un amphithéâtre qui se dévoile.
Moyen Âge
Au VIIᵉ siècle, saint Didier, évêque de Cahors, entreprend de conséquents travaux. Il dote la ville d’un ensemble épiscopal et d’une muraille.
Au XIᵉ siècle, démarre la construction de l’actuelle cathédrale Saint-Etienne sous l’impulsion de l’évêque Géraud de Gourdon. Mais c’est en 1109 que commencent les travaux, sous Géraud de Cardaillac.
En 1113, la Sainte Coiffe, une des reliques de la Passion, est apportée à Cahors par Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors, lors du retour de la croisade à Jerusalem. Ce linge sacré aurait recouvert la tête du Christ lors de sa mise au tombeau.
En 1119, Le pape Calixte II aurait consacré les deux autels, maitre-autel et autel de la Sainte Coiffe et ainsi consacrer le chœur de la cathédrale et officialiser le début de la construction de la cathédrale dédiée à saint Etienne.
En 1244, naissance à Cahors de Jacques DUEZE qui deviendra le pape Jean XXII en 1316. Il fondera l’université de Cahors en 1332.
En 1308, commence la construction du pont Valentré. Le chantier s’étalera sur 70 ans, donnant naissance à la légende du “petit diable”. L’ouvrage sera emprunté par les pèlerins pour traverser le Lot et poursuivre leur chemin vers Compostelle.
1408 : année de référence où il est fait mention, pour la première fois par écrit, de la relique de la Sainte Coiffe à Cahors
1482 : la peste est aux portes de la cité, la Sainte Coiffe est portée en procession, vénérée sur son passage afin que les habitants soient épargnés.
Époque moderne
Le 23 novembre 1496 : naissance à Cahors du célèbre poète Clément Marot.
Au XVIᵉ siècle, malgré les troubles liés aux guerres de Religion, Cahors demeure un foyer intellectuel actif autour de son université. Elle sera dissoute en 1751 en fusionnant avec celle de Toulouse.
En 1504, s’arrête la construction d’un cloître de style gothique flamboyant. Il présente des sculptures épargnées lors des guerres de religions et un jardin sobre et harmonieux.
1529 : naissance du poète Olivier de Magny à Cahors. Un square constitué d’un parc et de magnifiques maisons des XIIIᵉ et XVIIᵉ siècles porte son nom dans le centre-ville.
En mai 1580, pendant les guerres de religions, Cahors est assiégée par Henri de Navarre et ses troupes. La cathédrale et la ville sont pillées. La Sainte Coiffe est mise à l'abri à Luzech.
1652-53 : la peste ravage d’abord les faubourgs, puis l’épidémie se répand dans Cahors. La Sainte Coiffe est de nouveau portée en procession.
Époque contemporaine
Le 2 avril 1838 : naissance à Cahors de l’homme d'État français Léon Gambetta qui prononcera le discours de Belleville en 1875 exprimant le souhait de mesures fortes comme la liberté de la presse et la séparation de l’Église et de l’État.
1880 : restauration du pont Valentré. Celui-ci deviendra entièrement piéton en 1995.
1890 : découverte des peintures datées de 1275 à 1300 lors de travaux sur la coupole ouest de la cathédrale Saint-Etienne.
Fin XIXᵉ, lors de cette grande période de travaux de rénovation, les coupoles de la cathédrale sont mises à jour, débarrassées des combles qui les recouvraient depuis le XIVᵉ siècle.
Le 11 novembre 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande entre dans Cahors. Ce sont environ 400 hommes de la Vermarcht qui occupent alors la ville jusqu’au 17 août 1944, date de la libération.
En 1949, Cahors devient citoyenne du monde : Cahors Mundi
En 1998, le pont Valentré ainsi que la cathédrale Saint-Etienne sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
En 2013 : installation des nouveaux vitraux contemporains dans la cathédrale Saint-Etienne. Ils sont le résultat du travail de l’artiste Gérard Collin-Thiebaut et du Maître-verrier, Pierre-Alain Parrot (1950-2023).
Le 27 avril 2019 : grande procession de la Sainte Coiffe dans les rues de Cahors à l’occasion des 900 ans de la cathédrale Saint-Etienne.
En 2022, Cahors compte 19902 habitants.
Le diable sur le pont Valentré de Cahors
À Cahors, une vieille légende raconte que si la majorité prie Dieu pour obtenir de l’aide, certains n’hésitent pas à pactiser avec le diable. C’est le cas d’un maître d’œuvre chargé de construire un pont fortifié, long de six arches et surmonté de trois tours. L’ouvrage avançant trop lentement à son goût, il offre son âme à Satan en échange d’un coup de main pour accélérer les travaux. Le pacte conclu, le chantier prend enfin son envol. Mais à l’approche de la fin, pris de panique à l’idée de perdre son âme, l’architecte décide de tromper le diable. Ce dernier, dupé, reconnaît sa défaite… mais ne compte pas en rester là. Pour se venger, il envoie chaque nuit un diablotin retirer une pierre au sommet de la tour centrale, empêchant ainsi l’achèvement définitif du pont. Lors de la restauration de 1879, l’architecte Paul Gout immortalise la légende : il fait sculpter un petit diable, figé à jamais, les doigts coincés entre deux pierres, scellant ainsi le mythe dans la pierre.