Une étape singulière sur les chemins de Compostelle.
Dans le sud-ouest de la France, la ville sanctuaire de Cahors déploie ses ruelles médiévales au creux d’un méandre du Lot. On y flâne entre nature, gastronomie parfumée à la truffe et fresques d’histoire, sous le regard du pont Valentré et de la cathédrale Saint-Étienne. On vient communier avec le Christ face à la Sainte Coiffe, relique de la Passion. Je vous emmène pour une étape au cœur du vignoble sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Direction Cahors dans le Quercy
Il est dans le sud de la France, au cœur du Quercy, un sanctuaire christique, une ville blottie au creux d’une rivière. Je laisse derrière moi l’effervescence urbaine de Lille et la présence réconfortante de sainte Rita dont la force silencieuse emplit, à quelques kilomètres de là, les murs de brique rouge du sanctuaire de Vendeville. Et telle la sainte italienne à qui rien ne semble impossible, je puise en moi l’élan nécessaire pour traverser la France du nord au sud. Mon cap est clair : Cahors sur les bords du Lot. Je vais à la rencontre de la Sainte Coiffe, symbole de la résurrection du Christ.
La lumière douce et l’air encore frais d’un matin printanier m’accompagnent à travers le département du Lot pour assister aux ostensions de Pâques. Dans le Sud-Ouest, à 1 h 30 au nord de Toulouse et 30 minutes de Saint-Cirq Lapopie, les saisons paraissent s’accorder avec le rythme intérieur tout juste sorti de sa lenteur hivernale. La nature s’ouvre doucement, comme pour diffuser une toute nouvelle énergie sans rien brusquer. Dans les vignes qui entourent Cahors, les premiers bourgeons du cépage Malbec éclatent, préparant la prochaine cuvée.
En chemin, j’ai croisé la vallée de la Dordogne et sa cité sacrée de Rocamadour. La Vallée du Lot, comme sa voisine, ondule de collines verdoyantes où la rivière paisible serpente dans le paysage. Bien décidée à entrer dans Cahors comme les pèlerins d’autrefois, ma première visite est dédiée au pont Valentré dont les Tours fortifiées évoquent des légendes anciennes. Le soleil se lève au-dessus de la rivière. J’immortalise le moment et poursuis ma déambulation vers la cathédrale Saint-Etienne, sanctuaire de la sainte Coiffe, inscrite, comme le pont, au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Compostelle.
Cahors : Sanctuaire de la Sainte Coiffe
Le centre-ville est parcouru de ruelles étroites où subsistent des maisons à pan de bois médiévales. Mon premier contact avec la cathédrale se fait par l’intermédiaire d’une façade massive. Elle me dit que ce lieu est fort, qu’il garde les secrets. Quand j’entre, quelques éclats de lumière subsistent et les deux coupoles m’impressionnent. Mais, j’arrive top tard pour voir le vitrail de la chapelle de la Sainte Coiffe et le chœur s’embraser. Je me sens accueillie, prête à découvrir le mystère de la résurrection, là, derrière le chœur, en présence du linge sacré dans son reliquaire.
L’étoffe aurait recouvert la tête du Christ lorsqu’il fut déposé au tombeau. Le lendemain, les apôtres – et en particulier saint Jean – découvrirent le linge reposant à sa place. Jean vit, et il crut. Non pas seulement en l’absence du corps, mais en une présence nouvelle : celle du Christ ressuscité. Conservée ici depuis le Moyen Âge, la Sainte Coiffe aurait été rapportée de Terre Sainte au XIIᵉ siècle par Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors. Relique de la Passion du Christ, elle attire depuis des siècles les fidèles et les curieux, dans ce lieu où l’histoire se mêle à la foi.
Ce samedi, c’est jour d’Ostension ! En attendant l’ouverture des grilles de la chapelle pour vénérer la sainte relique, le parvis de la cathédrale Saint-Etienne s’anime du marché. Les étals débordent de fruits, légumes et autres produits locaux. Plus tard, les ostensions de la Sainte Coiffe attirent les fidèles et les curieux dans l’église. La relique est dévoilée et règne un profond silence. Les pèlerins vénèrent le linceul et espèrent. Je me laisse porter et ouvre mon cœur quelques instants avant d’entamer une longue méditation dans la chapelle du Saint-Sacrement.
Flâner dans des jardins remarquables de Cahors
Le matin, les voix des vendeurs du marché. Le soir, le dialogue entre les parfums des spécialités culinaires du Quercy et le vin de Cahors. Et entre les deux, je me perds, une tarte aux noix à la main, dans le bruissement des feuilles au gré des jardins remarquables de Cahors. Chaque allée semble pensée pour une douce errance au Moyen Âge ou dans un rêve d’orient. À l’image de ses enfants, Clément Marot et Henri Martin, entre un poème du premier ou un tableau du second, l’ambiance inspire. On marche dans une aquarelle et les pensées s’enchaînent en rimes.
Le soleil couchant m’attend au sommet du Mont Saint-Cyr. Là-haut, la belle occitane s’offre dans toute sa splendeur. Le méandre du Lot qui l’enserre, la cathédrale et ses deux immenses coupoles. Le soleil descend lentement, embrasant tout ce qu’il trouve sur son passage. Ce que j’emporte avec moi de ce séjour ? Une lumière intérieure née de cette traversée sur le Pont Valentré puis sous la Sainte Coiffe. La prochaine fois, je reviendrai autrement, peut-être à bord d’un bateau. Et je glisserai sur la rivière, entre les falaises calcaires, au rythme de l’eau.