Souvigny

Trouver la paix à Souvigny

J’ai visité Souvigny, petit village du bocage Bourbonnais dans le département de l’Allier. Je suis partie à la découverte d’une cité monastique qui mêle culture, art et foi. Une architecture médiévale et une église prieurale vieille de onze siècles. J’ai ressenti de l’admiration pour ces hommes et ces femmes qui, au cœur d’une époque tourmentée, transmettent au sanctuaire le message de paix, de pardon hérité de saint Mayeul et saint Odilon. On se laisse imprégner par l’histoire des ducs de Bourbons, des abbés de Cluny, sans se lasser de la foisonnante, mais néanmoins sensible nature environnante.

J’ai d’abord traversé la Loire puis l’Allier, j’ai quitté Paray-le Monial, cité du Sacré Cœur, pour, à une heure de route vers l’ouest, découvrir une cité monastique clunisienne, un sanctuaire qui renaît pour semer la paix intérieure, en famille et dans le monde.

Je me suis dit que l’hiver pourrait être une saison idéale pour un pèlerinage en ces lieux. Le soleil tarde à se lever et se couche tôt, forçant l’esprit à l’apaisement, alors que les festivités de l’été le stimule. Apaisé, paix, Souvigny, ça pouvait coller, pourtant, cette fois encore, je n’ai pas résisté à la beauté du printemps. L’appel des fleurs dans les haies bocagères du bourbonnais et les oiseaux qui fêtent la fin de l’hiver, les roses en boutons sur les quelques deux cent vingt rosiers du jardin du prieuré, des parfums tantôt forts, musqués, fruités ou épicés que distillent les pétales colorés.

Jardin du prieuré
Jardin du prieuré

Sur le GR 300, le pèlerin passe à proximité de la forêt domaniale de Tronçais, il traverse les parcelles de cultures délimitées par les haies vives du Bocage Bourbonnais, la réserve naturelle du Val d’Allier, paradis des oiseaux, ou encore, le Val de Sioule et ses gorges bordées par un massif forestier de 1600 hectares. Lorsqu’on arrive à Souvigny le temps se suspend. Le prieuré, haut lieu spirituel dès le Xème siècle, s’avère un outil formidable pour comprendre les styles architecturaux ( roman, gothique, baroque) à travers le temps jusqu’au XVIIIème siècle. 

Déjà subjuguée par cette cité où se conjuguent façades médiévales, sculptures et ateliers d’artistes, je savoure le calme que seuls les sons accordés des cloches de l’hôtel de ville et de l’église, puis le doux bruit de l’eau d’une fontaine viennent perturber. Sans plus attendre, je pousse la porte de celle qui est présentée comme “la fille aînée de Cluny”. Là encore, surprise ! Comment puis-je ressentir un tel apaisement dans un édifice démesuré de 84 mètres de long, sous une voûte qui atteint les 17 mètres ? Phénomène inexplicable, comme tant d’autres que l’on attribuent aux saints Mayeul et Odilon inhumés ici depuis des siècles et pour l’éternité.
 

Bocage Bourbonnais
Bocage Bourbonnais
Facade médiévale
Facade médiévale

La fondation du prieuré de Souvigny

L’histoire de ce lieu remonte à l’an 915, quand Aymar de Bourbon, sire de Souvigny, le plus lointain ancêtre de l’illustre famille, offre pour le salut de son âme, une partie de ses terres à l’Abbaye de Cluny qui s’empresse d’y fonder un prieuré. Saint Mayeul et saint Odilon étant inhumés dans la Prieurale, ce lieu deviendra au fil des années la nécropole des ducs de Bourbon dont on peut voir les gisants dans les chapelles de la prieurale. Il accueillera l’un des pèlerinages les plus suivis de l’occident chrétien au Moyen-Âge, pour s’éteindre à la Révolution après le départ de la communauté religieuse.
 
La vie va vite aujourd’hui ! La fréquentation de quelques-uns a maintenu la flamme en attendant que le feu reprenne de sa vigueur. Grâce à l’évêque de Moulins c’est chose faite, car en 2016 le pèlerinage reprend vie. Désormais, chaque année, le premier dimanche de mai, on se rassemble et on prie autour des messages de paix, d’humilité, de charité et de miséricorde transmis par saint Mayeul et saint Odilon, respectivement quatrième et cinquième abbés de Cluny.

Je me suis attardée après un cheminement intérieur face au tombeau des saints dans l’église prieurale. L’orgue Clicquot, construit fin XVIIIème par François-Henri Clicquot, facteur d’orgues de Louis XVI, m’a joué sa mélodie, puis je suis sortie. Assise en terrasse, en compagnie d’un verre de Saint-Pourçain, j’ai attendu que le soleil couchant embrase la façade de la prieurale puis j’ai rejoint un restaurant qui m’a cuisiné une belle pièce de sa meilleure charolaise AOP. Décidément ce pays a tout pour plaire !

En conclusion de cette nouvelle étape dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, bilan positif. J’ai entendu que Dieu est miséricorde, prié pour que les traditions, les religions ne soient plus un frein à la paix dans le monde. J’ai marché sur les chemins parmi les pèlerins pour emporter avec moi ce sentiment si précieux de paix profonde. 
 

Gisants de saint Mayeul et saint Odilon
Gisants de saint Mayeul et saint Odilon
Eglise prieurale
Eglise prieurale
vendredi
4 octobre
7° / 15°
Eglise prieurale