Le Mont-Saint-Michel : Vue sur Baie
J’ai traversé la baie pour monter sur le Mont-Saint-Michel, « Merveille » normande inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. D’abord saisie par la beauté de ce rocher sauvé des eaux, j’ai vu des pèlerins et des touristes s’extasier, la discrète église Saint-Pierre et l’abbaye pointant vers le ciel. On y sent l’iode et le vent de la mer. Une ville sanctuaire, une histoire pleine de rebondissements depuis le Moyen-Âge, saint Michel l’Archange, saint Aubert, les hommes qui l’ont façonnée et ceux qui l’écrivent encore.
Avant de traverser le Couesnon vers la Bretagne pour découvrir Sainte-Anne-d’Auray lieu de l’unique apparition de sainte Anne, grand-mère de Jésus Christ, je m’attarde en Normandie, dans le département de la Manche, pour découvrir les mystères du Mont Tombe plus connu sous l’appellation de Mont-Saint-Michel, classé patrimoine mondial de l’UNESCO.
J’aime le bord de mer normand, cette douceur constante, ce ciel lunatique au fort caractère qui swing d’un nuancier de bleus, à un autre de gris, parfois en quelques minutes. Si le feuillage vert des arbres a perdu de son uniformité, si les herbus se sont teintés de jaune, décorés de rouge, le soleil rasant d’octobre offre des couchers de soleil sur la baie d’un rose-orangé flamboyant qui suscitent l’émotion. J’ai choisi l’automne et le calme revenu pour cheminer physiquement et spirituellement sur le Mont-Saint-Michel.
La brume matinale recouvre les eaux qui baignent le rocher sacré. Depuis le bec d’Andaine, sa silhouette pyramidale se dessine juste derrière le rocher de Tombelaine. Je savoure un dernier instant de méditation dans l’une des plus belles baies du monde, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Derrière mon guide, à présent, je garde un œil sur la « Merveille », jettant l’autre aux aguets d’une potentielle apparition de phoques, mais plus probablement d’une aigrette garzette ou d’une bécassine des marais.
Ravie de ne pas avoir dû m’extirper des sables mouvants qui rendaient autrefois l’expédition périlleuse, je pense aux miquelots, surnoms donné aux pèlerins par Rabelais, mais surtout aux pastoureaux, ces enfants ou adolescents qui, seuls et au péril de leur vie, entreprenaient ce pèlerinage portés par une foi immense. Le sable est humide et soyeux, le vent dans mes cheveux et le Mont face à moi, immense et vertigineux... comme ma joie d’être enfin là !
Chaussures aux pieds, je pars à l’ascension du Mont-Saint-Michel, je m’apprête à en découvrir l’histoire et les légendes.
Le Mont-Saint-Michel : une histoire mouvementée
D’abord appelé le Mont Tombe, très rapidement, l’endroit est dédié à l’archange saint Michel. Une nuit, le peseur d’âmes vint par trois fois visiter les songes de l’évêque d’Avranches, saint Aubert, lui ordonnant d’édifier une église sur le rocher. A prioris dubitatif, ce dernier finit par reconnaître les signes et se laissa guider dans sa tâche. Oratoire à partir de 708, la construction de l’abbaye est entreprise dès le Xème siècle. Au XIIème siècle, le pèlerinage connaît son apogée. S’en suit une histoire mouvementée, visitée par les rois et les révoltés, faites d’incendies, d'effondrements, et une affectation loin de son usage originel : une prison sur le Mont. C’est en 1969 qu’une communauté religieuse investit à nouveau de façon premanente l’abbaye du Mont-Saint-Michel.
La célèbre Auberge de la Mère Poulard, quelques échoppes et tavernes plus loin, je m’introduis dans la discrète, néanmoins sanctuaire, église Saint-Pierre, pour assister à la messe et me recueillir face à l’archange saint Michel. Comme les autres pèlerins j'espère voir la balance pencher du bon côté au moment du grand passage.
Je poursuis ma découverte et m’attarde dans la librairie Siloë à la recherche de quelques lectures et souvenirs. 350 marches plus haut, je me mêle aux touristes, dont je devine à leurs mots les nationalités, pour visiter la surprenante abbaye, son cloître vertigineux, le scriptorium où j’imagine les moines affairés à leurs manuscrits dans la seule lumière du jour ou de la bougie, puis le réfectoire, la crypte...
Un ami m’a dit :
reste sur le Mont pour voir la nuit tomber, écouter le silence dans les venelles et les oiseaux sur la mer, pour sentir l’iode qui vient de la baie, rien que le parfum de l’eau salée…
J’ai respecté la consigne à la lettre, comme les mouvements de la marée, le flot de visiteurs lentement est monté, puis s’est retiré. J’ai pris le temps de toucher le granit, d’observer par dessus les murets les petits jardins potagers surprenant par moments quelques silhouettes furtives. Un silence pour moi-même, un recul sur le quotidien.
Au prochain tintement de cloche, j’irai trouver le sommeil, pour attendre dès l’aube que les portes de l’abbaye s’ouvrent afin d’assister aux laudes chantées par les frères et sœurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem.
De mon séjour au Mont-Saint-Michel je retiens la force du lieu, robuste dans sa matière et dans sa foi. J’emporte avec moi toute la beauté de la baie, un tricot made in France de la marque Saint-James et l’envie de randonner prochainement dans le bocage normand.