Rocamadour

Une cité sacrée en équilibre

Sur ce grand terrain de jeu qu’est la Vallée de la Dordogne, j’ai vu Rocamadour. Un village du Moyen-Âge, un sanctuaire agrippé à sa falaise, un canyon profond. J’ai ressenti de l’admiration pour ces hommes, artisans d’un chef d’œuvre architectural défiant les lois de l'équilibre, et aussi pour les millions de pèlerins qui chaque année gravissent les marches de l’immense escalier. Une histoire préhistorique. Un fromage star qui porte avec douceur le nom de son village.

Arrivant de Notre-Dame de la Salette, les poumons pleins d’air pur des montagnes, j’ai  maintenant le souffle coupé en bordure de falaise à Rocamadour, village funambule.

Si vous me le demandiez, il me serait difficile de vous dire en quelle saison nous sommes tant ce village me donne l’impression d'être hors du temps. Une escale au Moyen-Âge. Je reprends mes esprits et par chance les arbres sont habillés d’un vert tendre, me rappelant que nous sommes au printemps, ma saison préférée. En effet, en avril, le réveil de la nature frémit, et le tourisme encore endormi laisse aux pèlerins et aux rêveurs l’espace et le silence nécessaires à la réflexion.

Face au soleil matinal, en hauteur sur les remparts du château, je me penche pour voir d’un peu plus près ce village accroché à une imposante falaise calcaire. Toutes les constructions semblent en équilibre, et je tente de ne pas perdre le mien, près de 150 mètres de haut, ça donne le vertige ! 

Pour arriver jusqu’ici, j’ai traversé le Causse, un plateau rocheux recouvert de pelouses sèches, et de petits chênes. Il paraît que de nombreuses orchidées poussent sur ce territoire protégé par le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy.

L’aspect de l’environnement, renforce le sentiment de surprise de trouver là, au bord d’un canyon, un aussi charmant village, haut lieu de pèlerinage. 
Je traverse une première porte médiévale. J’avance dans les pas des pèlerins vers l’histoire de cet étrange lieu.

Si on retrouve ici les traces d’une vie et même d’un culte préhistorique, j’apprends aussi la légende selon laquelle Zachée, disciple de Jésus, aurait vécu sous le rocher, d’autres pensent qu’il s’agissait en fait d’un ermite, saint Amadour. Plus certainement, on retrouve des preuves d’un pèlerinage en l’honneur de la Vierge Marie dès le IXème siècle. Au XIIème siècle démarre la construction d’un sanctuaire et les pèlerins affluent.

Comme Henri II Plantagenêt en 1159, je me suis recueilli, j’ai rêvé, dans les nombreuses chapelles.

Ici, des gens prient, espèrent. Ils me confient que de nombreux miracles ont été accordés par Notre-Dame de Rocamadour.  Dans le silence de la Chapelle Notre-Dame, sous le regard de la Vierge Noire, j'émets un vœu. Un seul bruit, les battements de mon coeur, dont le rythme accélère. Et si mon nom était le prochain inscrit dans le livre des miracles à la suite des miraculés du XIIème siècle ?

Sonnez la cloche ! c'est la fin de mon étape lotoise ! Je grimpe à nouveau les 216 marches du grand escalier, traverse l’esplanade du Sanctuaire, où se trouve l'épée de Roland, et j’admire une dernière fois dans l’ascension du chemin de croix, la pieuse folie des bâtisseurs de ce village suspendu. 

De mon séjour à Rocamadour, je retiens une nature aux vertues apaisantes, et la certitude que 

Rien n’est impossible pour celui qui espère

la chapelle Notre-Dame
la chapelle Notre-Dame
vendredi
4 octobre
5° / 16°