Souvigny, retour dans l’histoire des Bourbons
Vous avez envie de partir, d'être dépaysé. Quelles découvertes vous attendent sur les traces des saints abbés de Cluny ? Des églises romanes à foison disséminées dans un paysage de bocage, onze siècles dans l’histoire d’un des hauts lieux de pèlerinage médiévaux et ses légendes : Souvigny
Ce territoire traversé par l’Allier est une véritable mosaïque géologique. Située au nord du massif central entre Nevers et Clermont-Ferrand, on dit de cette terre du département de l’Allier que la composition du sol peut variée d’un bout à l’autre d’un même champ, terrains alluviaux, terrasses calcaires, plateaux sur argilites et schistes à bancs gréseux, ou sur granite. Souvigny est au cœur de la province du Bourbonnais.
Le village entre dans l’histoire grâce aux sires de Bourbon qui, au service du roi, deviennent ducs. Dès le Xème siècle, un des ancêtres de cette illustre lignée offre une partie du berceau natal à l’abbaye bénédictine de Cluny fondée par Guillaume le pieux en 909. Au Moyen- Âge, la célèbre famille et leurs vassaux font édifier sur le département de l’Allier une multitude de châteaux, églises romanes et jolies demeures.
Quelques dates à retenir :
Moyen-Âge
Au Xème siècle, Aymar de Bourbon, sire de Souvigny, fait don d’une partie de ses terres à l’Abbaye de Cluny espérant le salut de son âme. L’église devient un peu plus tard la sépulture des Ducs de Bourbon, les rois Bourbon étant enterrés à Saint-Denis
Dès 920, un petit monastère est fondé par quelques moines.
En 954, fondation par saint Mayeul, quatrième abbé de Cluny, du prieuré sur les terres données à l’ordre de Cluny.
En 990, la ville de Moulins, voisine de Souvigny d’une dizaine de kilomètres, est fondée. Sa position de capitale du dûché du Bourbonnais accroît son développement économique pendant 200 ans à partir de 1327.
994, mort à Souvigny de saint Mayeul.
En 1008, le monastère est agrémenté d’une église, puis érigé en prieuré. Plusieurs campagnes de construction suivront, aux XIIème, XIVème, XVème et XVIIIème siècles. Ses mensurations actuelles : 5 nefs, 6 travées, 28 mètres de large et 84 mètres de long, une voûte de 17 mètres de hauteur.
1049, mort à Souvigny de saint Odilon de Mercœur, cinquième abbé de Cluny.
Vers 1150, le prieuré de Souvigny dirige, 8 monastères, 50 églises, et 18 chapelles. Son prieur est très influent.
Mayeul et Odilon, canonisés, deviennent l’objet de grands pèlerinages européens pendant tout le moyen-âge.
A la fin du XIIème siècle, est achevée la très précieuse bible de Souvigny. Chef-d’œuvre du Moyen-Âge, on estime à un an et demi la durée de sa réalisation. 56 x 78 cm pour 32 kg. Son fac-similé est exposé au musée de Souvigny, l’original étant conservé à la médiathèque de Moulins
En 1340, le château des ducs de Bourbon est construit à Moulins.
L'époque contemporaine
1783, construction de l’orgue François Henri Clicquot, facteur d’orgue du roi Louis XVI.
En 1990, la vie monastique renaît à Souvigny grâce à l’arrivée des frères de la communauté de Saint-Jean, qui quittent les lieux en 2015.
En 1993, le village de Souvigny est classé “Grand Site d’Auvergne”. La prieurale est restaurée.
En novembre 2001, le tombeau de Mayeul et Odilon est découvert lors d’importants travaux dans l’église et réinstallé quelques années plus tard au centre de la nef
En 2003, la prieurale est proclamée Grand Sanctuaire roman d’Auvergne.
En avril 2016, le pèlerinage de Mayeul et Odilon est relancé. Souvigny est érigé en Sanctuaire de la Paix l’année suivante par l’évêque de Moulins.
En 2017, les sœurs Oblates du Cœur de Jésus rétablissent la vie monastique au Sanctuaire de Souvigny.
A l’heure actuelle, le village de Souvigny compte environ 2000 habitants.
Il vit du tourisme, religieux, culturel et vert avec de nombreux espaces naturels liés au bocage environnant. La région à laquelle il appartient est reconnue pour l’élevage du bœuf Charolais.
On trouve à Souvigny, la dernière entreprise de lavage de laine de mouton de France.
Légende
Les miracles de saint Mayeul
A sa mort, le Saint est inhumé dans la prieurale de Souvigny. Plus tôt dans l’histoire, il fait escale dans le petit village du Bourbonnais, y attire 700 moines des environs juste en sonnant la cloche de l’église, incroyable ! La tradition orale parle aussi d’une source d’eau qu’il fait jaillir non loin de là pour étancher la soif des pèlerins, d’un ouvrier qui participe à l'édification du tombeau de l'Abbé de Cluny, de la main du maçon écrasée par une pierre aurait été perdue s’il n’avait pas invoqué saint Mayeul pour l’aider à déplacer la charge qui le retenait prisonnier. On raconte également l’histoire d’un enfant qui ressuscite après que sa mère eut déposé le petit corps inanimé devant le tombeau de saint Mayeul, puis prié jour et nuit.