Cahors : une odyssée au cœur du Quercy

Il est près de 20 heures quand le soleil daigne enfin rejoindre la soirée, effleurant les arbres et poudrant les façades d’orange et d’or. Depuis ma terrasse d’observation au Mont Saint-Cyr, je contemple la ville étendue, la cathédrale Saint-Étienne dressée dans la lumière et, plus loin, le Pont Valentré qui s’allonge de sa journée. Les ombres se faufilent dans les ruelles comme des chats furtifs, tandis qu’une brise légère caresse mon dos et m’invite à fermer les yeux. Derrière mes paupières closes surgit l’eigengrau, ce gris profond entre nuit et perception. C'est dans cette obscurité tranquille que me reviennent les meilleurs instants vécus à Cahors et ses alentours, faits de sensations, de fragments d’aventure et de douce immersion. On y retourne ?!

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Que faire à Cahors ce week-end ?

Flâner au marché

La brume du matin me pince doucement les joues et je m’enroule dans mon écharpe moelleuse, respirant son parfum rassurant. La porte de l’hôtel se referme derrière moi et, croissant tiède en main, je m’aventure dans les rues ensoleillées de Cahors. La ville, lovée dans un méandre du Lot, paraît tranquille au premier abord… mais elle réserve ses petites surprises. Ses ruelles sinueuses forment un vrai labyrinthe de pierres, ses toits s’alignent comme un patchwork de tuiles, et son cœur vibre d’une énergie douce et chaleureuse. Je rejoins la place de la cathédrale et là, c’est un festival pour les sens : fleurs colorées, fraises juteuses, fromages affinés, asperges croquantes, pains dorés… Les senteurs se mêlent — thym, lavande, herbes fraîches — et les habitants échangent sourires et petites histoires autour des étals. La vie du marché semble palpiter sous le soleil matinal, simple et joyeuse.

Admirer la cathédrale Saint-Etienne

Je lève les yeux, et la cathédrale Saint-Étienne se dresse devant moi, imposante et pourtant légère avec ses coupoles romanes qui s’élancent vers le ciel. Plus de neuf siècles d’histoire reposent au-dessus de ma tête, et l’on ressent aussitôt que l’on entre dans un autre temps. À l’intérieur, la lumière filtrant à travers les vitraux enveloppe l’espace d’une douceur sacrée. Mon regard se tourne vers la Sainte Coiffe, relique vénérée qui attire depuis des siècles les pèlerins venus prier Saint-Étienne, espérant protection et miracles. On raconte que des guérisons inattendues ont eu lieu ici, et qu’aucune prière sincère ne quitte la cathédrale sans être entendue.

En contournant le chœur, une petite porte mène au cloître, ouvert au public. La pierre gothique flamboyante s’y déploie en dentelle délicate. Chaque arcade semble raconter l’histoire des fidèles, chaque fresque de la chapelle Saint-Gausbert murmure un fragment du passé. Ici, on ressent le lien vivant entre le saint, ses miracles et la foi de ceux qui viennent chercher réconfort ou inspiration. Mon coup de cœur ? Un jardin secret qui invite à la paresse.

Grimper au mont Saint-Cyr

La route s’enroule et grimpe, s’accrochant à flanc de colline, et je la suis, comme attirée vers le ciel. La ville s’éloigne doucement derrière moi. Au sommet, le mont Saint-Cyr s’ouvre comme un large balcon sur la vallée. Cahors s’étale en contrebas, nichée dans le bras généreux du Lot, tandis que la rivière devient un miroir argenté, une écharpe qui enlace la cité. Le pont Valentré dresse ses tours comme un vieux géant veillant sur la ville. Tout est silencieux. Le soleil descend lentement, les collines s’embrasent de rouge, et la ville se pare de nuances de rose et de cuivre. Simplement splendide.

Se cultiver au musée Henri Martin

Installé dans un ancien palais épiscopal du XVe siècle, le musée a été ouvert en 1833 et conserve aujourd’hui la plus grande collection publique d’Henri Martin (1860-1943), peintre post-impressionniste originaire de Toulouse et profondément attaché au Lot, sa région d’adoption. Les grands décors comme La Fenaison ou le triptyque Le Monument aux Morts sont exposés dans de vastes espaces lumineux, rénovés en 2022. Ce triptyque retient particulièrement mon attention : loin d’être un monument classique, il ne porte pas les noms des soldats et Henri Martin y a même intégré les visages de ses amis parisiens dans la foule. À l’époque, l’œuvre choque les habitants, qui refusent qu’elle soit affichée. En parcourant les salles, je découvre des paysages baignés de lumière, des scènes de vie quotidienne et des portraits vibrants. La médiation est soigneusement pensée : chaque toile invite à une promenade, en Occitanie ou même jusqu’en Polynésie française. 

Descendre aux Phosphatières du Cloup d’Aural

En plein après-midi, quand la chaleur commence à saisir, je pars chercher un peu de fraîcheur aux Phosphatières du Cloup d’Aural, à Bach. Ce site géologique cache d’anciennes carrières fossilisées, dont la terre raconte des histoires vieilles de millions d’années. Dès les premières marches, une lumière verte m’enveloppe, filtrée par les feuillages, les lianes et les tapis de mousse. Le contraste est saisissant : à l’extérieur, la garrigue sèche craque sous les pas, ici l’humidité perle le long des parois rocheuses. La température tombe d’un coup à 13 °C, constante tout au long de l’année.

Autour de moi s’ouvre un canyon végétal, sculpté par le temps, strate après strate. Au XIXᵉ siècle, ce lieu était une mine de phosphate, exploité comme un trésor agricole. Après la Première Guerre mondiale, l’activité cesse, et la nature reprend ses droits. Aujourd’hui, le site est classé et protégé, rendu à la visite grâce à des passionnés — scientifiques, naturalistes et paléontologues — qui transmettent son histoire avec émerveillement et pédagogie.

Où manger

  • Lou Bourdié : m’a régalée avec ses plats du terroir : poulet farci, soupe maison et pastis ! J'ai beaucoup aimé aussi l'ambiance chaleureuse et rustique, au cœur du village, avec les paysages vallonnés du Quercy en toile de fond.

  • Les Petits Producteurs : une ambiance chaleureuse et des produits du coin qui font vraiment voyager les papilles.

  • La Petite auberge : simple, cosy, idéal pour un repas détendu sans chichi.

  • Le Palais : parfait si vous voulez combiner gastronomie et cadre élégant, en plein cœur de ville.

Où dormir

  • Hôtel Best Western Divona : calme et raffiné, idéal pour se ressourcer après une journée de visite. Demandez une chambre sur le Pont Valentré !

  • Château Mercuès : dormir dans un château avec vue sur la vallée, c’est clairement un petit luxe que je recommande.

  • La Chartreuse : au bord du Lot, pour dormir les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages.

  • Chambre d'hôtes 3ᵉ droite : décor soigné, vue superbe sur la cathédrale et un petit-déjeuner servi avec beaucoup d’attention.

 

Une parenthèse méridionale

Reportage réalisé dans le cadre de ma mission “Mange, Prie, Aime” avec Villes Sanctuaires en France.

vendredi
5 septembre
16°
11° / 24°