Souvigny, un pèlerinage intérieur

Assise sur un banc, je me sens privilégiée à observer un moment de pureté et de calme hors du commun.
Quand en cette fin d’été, il y a uniquement le rayon brûlant du soleil pour me tirer d’une méditation profonde.
Me voilà heureuse à profiter d’une pause qui prend des allures de déjeuner sur l’herbe, comme l’auraient peint les Impressionnistes.
Dans les jardins florissants de l’ancien prieuré, je rembobine mentalement mon séjour immersif, en déroulant les films que je crée avec tout ce que je capte par mes yeux et mes sens.

 

Les trésors du Sanctuaire de la Paix

La première séquence m’amène en haut de la nef de la prieurale St Pierre St Paul.
Il y a cette lumière dorée réchauffée par l’ocre des murs qui m’accueille, et je remarque qu’elle s’intensifie vers le choeur grâce aux immenses baies claires en hauteur. C’est réellement surprenant car en descendant les marches depuis le parvis quelques secondes plus tôt, je ne me figurais pas que le Sanctuaire était bâti dans de telles dimensions !
J’aperçois le tombeau de St Mayeul et St Odilon au centre de la nef, et me rappelle l’histoire d’un immense pèlerinage que l’on m’a racontée. Qu’il est rare de rencontrer deux Saints dans un même mètre carré !
Ce sont des êtres inspirants, car de leurs temps, ils ont su abattre les frontières terrestres pour nourrir une spiritualité qui appelait à la trève et à l’amour de son prochain. Ils sont devenus des artisans de Paix et des Saints glorifiés.

Nef de la prieurale de Souvigny
Nef de la prieurale de Souvigny

Il est vrai que je ressens un souffle apaisant au gré de ma déambulation silencieuse ; caméra à la main. Ces lieux appellent mon attention, et je sais d’ores et déjà que les images seront belles.
Dans une église, ce sont d’abord les vitraux que mon regard cherche. Ici je dois avouer que leurs projections me ravissent ! Elles sont des clés de découverte aux nombreuses merveilles architecturales des lieux.

Lumière des vitraux
Lumière des vitraux

Arrivée au bout du choeur monastique, mon oeil s’accoutume à passer au travers d’une dentelle de pierre qui clot les chappelles funéraires des Ducs de Bourbon. J’aperçois au loin les orgues, auréolées d’un halo bleu de Chartres.
Les tuyaux longilignes, de l’Orgue Clicquot qui surplombe la prieurale à l’occident, sont comme nichés dans un berceau, couvés par une multiplicité de quadrilobes.
Je n’ai encore entendu aucun son sortir de leurs bouches, mais j’imagine un chant qui m’est adressé, et que pourrait accompagner la voix des anges peints sur la voûte.

Orgue Cliquot de Souvigny
Orgue Cliquot de Souvigny

Cloître et jardins

Une deuxième séquence vient chasser la première.
Il y a d’immenses portes en bois que des géants peuvent emprunter sans risquer la bosse !
Comme les ducs et duchesses autrefois, je me retire de cet écrin de paix pour gagner les extérieurs du prieuré.
En réalité, je suis toujours assise sur ce banc, mais comme dédoublée par l’esprit je fais renaître les heures précédentes, ainsi je me vois sortir de l’édifice colossal. Avec discipline, j’emprunte les couloirs du cloître alors même qu’il ne reste qu’une infime partie des murs.

Je descends dans les jardins aux odeurs de vignes et de fleurs inconnues, pour maintenant trouver l’assise sur laquelle j’ai déroulé cette pellicule de mots et d’images.
Mon déjeuner prend fin.

Curieusement, le calme et la quiétude que j’ai trouvés ici ont dégourdi mon esprit. Pour autant, mon corps ensommeillé cherche désormais le soleil que cache un éventail de feuilles de pommier.
À mon mouvement, les insectes entrent en effervescence dans la roseraie derrière moi.
Je quitte ce petit paradis, car l’on m’a dit que la ville est toute aussi belle, réjouissante, appétissante et emplie d’art et d’histoire !

Emprunterez-vous, vous aussi, les pavés dorés d’un célèbre pèlerinage médiéval ?

Carla Dos Santos,
Ambassadrice du Patrimoine local

Souvigny