Le message du sanctuaire des Saintes-Maries-de-la-mer

En Camargue, aux Saintes-Maries-de-la-mer, découvrir une église forteresse, trouver le réconfort auprès de Sara, et des Saintes Marie-Jacobé et Marie-Salomé : découvrez l'ADN, le message du sanctuaire des Saintes-Maries-de-la-mer

Quelles sont les origines de la fondation du sanctuaire ?

Les Actes des Apôtres mentionnent une persécution contre les assemblées des premiers chrétiens dans les années 45 après Jésus-Christ. La tradition de Provence rapporte qu’à ce moment-là un petit groupe de proches de Jésus est chassé en mer dans une barque « sans voile ni rames », promis à une mort certaine, mais que cette barque dérive et accoste sur la côte de Camargue, près d’un très actif avant-port d’Arles dont les vestiges sont aujourd’hui sous l’eau, à 1 km au large des Saintes-Maries-de-la-Mer.
Les arrivants, témoins de la vie et du message du Christ, partent annoncer l’Évangile : Marthe vers Tarascon, Lazare vers Marseille, Marie-Madeleine et Maximin vers Saint-Maximin et la Sainte Baume. Marie-Jacobé, Marie-Salomé et Sara resteront sur place jusqu’à leur mort. Ainsi commence l’évangélisation de la Gaule.
Dans le testament de saint Césaire (543), il est fait mention d’une petite église construite autour d’un puits d’eau douce auprès duquel, pense-t-on, les Saintes Jacobé et Salomé furent enterrées. Même si le sanctuaire se nomme Notre-Dame-de-la-Mer, ce sont elles qui sont à son origine.
Entre les IXe et XIIe siècles, seigneurs de Provence et responsables cléricaux s’accordent pour construire, autour de l’église primitive, une église fortifiée du fait des incursions de pillards venus de la mer. En 1448, lors de la découverte des reliques des Saintes, le roi René fait démolir la première église, creuser l’actuelle crypte et élever les reliques dans une chapelle haute. Voilà le sanctuaire « fondé » sur la double protection des murailles et de la prière d’intercession des Saintes Femmes.
 

Rivage des Saintes-Maries-de-la-mer
Rivage des Saintes-Maries-de-la-mer

Quel est le message véhiculé depuis toujours par le sanctuaire ?

Au cœur du message pascal

Le message depuis toujours véhiculé par le sanctuaire est intimement lié à la vie de ces femmes. Les Saintes nous sont connues par l’Évangile. « Marie mère de Jacques » (Mt 27,56) et « Marie, femme de Cléophas » (Jn 19,25) désignent Marie-Jacobé ; « la mère des fils de Zébédée » (Mt 27,56) et « Salomé » (Jn 19,25) désignent Marie-Salomé. Elles suivent Jésus dans sa vie publique (Mt 27,55) jusqu’au pied de la Croix (Jn 19,25) et elles sont, avec Marie-Madeleine, les premiers témoins de sa résurrection et les premières envoyées en mission (Mc 16, 1-8). À travers ce que les Saintes ont vécu dans leur chair et dans leur cœur en partageant la vie de Jésus jusqu’à sa mort et au-delà de sa mort, on comprend que le message du sanctuaire est celui de Pâques, de la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Un message qui vient rejoindre le visiteur et le pèlerin sur le chemin de sa propre vie quotidienne, comme on dit, « faite de hauts et de bas » et qui vient inverser cette expression. Il y a les « bas » dans nos épreuves, nos « morts » quotidiennes, et il y a les « hauts » dans nos « résurrections », tout aussi quotidiennes. On tombe, on se relève et on avance même si tout semble bloqué. « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau » (Mc 16,3) disent-elles continuant de marcher vers le tombeau pour donner les derniers soins au corps de Jésus mort ? En arrivant, elles voient qu’« on a roulé la pierre. » Message de confiance et d’espérance en l’impossible devenu possible.
 

prier
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Quelles sont les valeurs qui y sont transmises depuis les origines ? 

Des valeurs en partage

Par ce qu’elles sont, les Saintes Femmes nous appellent à faire nôtres certaines « valeurs », certains « essentiels » pour une vie à la fois ancrée et ouverte.
Famille. La tradition de la « Sainte Parenté » donne à voir Salomé et Jacobé comme les demi-sœurs de la Vierge Marie. Dans de nombreuses représentations, principalement au XVIe (ainsi un ciel d’autel dans la chapelle haute du sanctuaire), XVIIe et XIXe siècles, elles sont représentées avec leurs parents et leurs enfants. Une famille ! Autour de la Sainte Famille, la Sainte Parenté nous rappelle l’importance centrale de la famille, microcosme social fondé sur la circulation de l’esprit d’amour.
Fidélité et service. On ne se bouscule pas au pied de la Croix : Salomé et Jacobé sont là jusqu’à la fin. Après le départ de leurs compagnons, elles se trouvent en terre étrangère déjà âgées : Sara les sert jusqu’à leur mort. Et lorsque nous descendons dans la crypte et que, nous arrêtant devant sa statue, nous la voyons couronnée, ne nous méprenons pas : sa « royauté » est celle du service jusqu’au bout, par amour. Une façon d’être qui nous invite à revisiter nos engagements.
Humilité. Salomé, Jacobé et Sara sont des femmes simples, d’un milieu social modeste : femme de pêcheur, servante… Un mari, des enfants, des personnes à servir. Rien d’extraordinaire et elles sont « saintes » ! Message d’espoir pour nous tous, et combien vibrent dans la présence des trois femmes les mots du pape François : « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve » (Gaudete et exultate, p.16).
Famille, fidélité, service, humilité : puissent ces valeurs être vivantes d’hier, d’aujourd’hui et de demain…
 

Sara dans la crypte
Sara dans la crypte

Quelle est l’offre qui exprime la singularité du sanctuaire ? Ce qu’on y célèbre, la structure interne, les compétences, comment y est-on accueilli ?

Dans le mystère d’une présence

D’après bien des témoignages, ce sanctuaire est un lieu de commencement. On entre après être allé faire un tour à la plage et, là, il se passe « quelque chose ». Saisissement ou frémissement, ça bouge. Une intuition qu’il y a autre chose que ce que l’on connaît, que l’on est autre que ce que l’on croit être. Ce sont des témoignages recueillis au fil des rencontres. D’où cela vient-il ? Mystère offert par la grâce. Mais mystère qui nous interpelle : qu’est-ce qui sert ce mystère ? Peut-être l’architecture du sanctuaire. De l’extérieur, une masse puissante et quand on entre une douceur servie par la chaleur de la pierre, la simplicité de l’art roman qui invite à l’intime.
À moins d’être pris dans le timing des tour-opérateurs, lorsque l’on entre dans le sanctuaire, on s’arrête et on regarde vers l’abside. On est saisi par une intense verticalité. En haut, une grande fenêtre dans la pierre et devant elle des bougies qui brûlent jour et nuit : au creux de cette fenêtre, les reliques des Saintes Marie-Salomé et Marie-Jacobé reposent dans les châsses. En bas, d’autres lumières : c’est la crypte dans laquelle les ossements des femmes ont été découverts en 1448 et où se trouve la statue de sainte Sara. Entre les deux, le chœur avec le tabernacle et la présence vivante du Corps du Christ. Présence à laquelle nous conduit la présence des trois Saintes Femmes.
La singularité du sanctuaire est également servie par les ex-voto visibles dans la nef et dans la crypte. Des plaques, des objets et une très belle collection d’ex-voto peints pour la plupart du XIXe siècle – les ex-voto antérieurs ont été détruits en mars 1794 lors du sac de l’église, excepté un ex-voto de 1591 que Bernard Cousin identifie comme le plus vieil ex-voto peint de France. Le sanctuaire abrite aussi des ex-voto peints contemporains.

Au rythme des pèlerinages

Trois fois par an, village et sanctuaire vibrent des grands pèlerinages pendant lesquels des pèlerins d’ici et d’ailleurs viennent vénérer les Saintes Femmes.
Vers le 17 mai, les gitans et gens du voyage roulent de par-delà les frontières vers notre petit village du bout du monde. Sara, leur sainte patronne, les attend. C’est le moment de l’année où familles et amis se retrouvent autour de la musique, de la fête et de la prière jusqu’au 24 mai, fête de sainte Sara et, 25 mai, fête de sainte Marie-Jacobé. Et l’on marche en procession, chantant et priant, portant la statue de Sara et la barque des Saintes jusque dans la mer, vers l’est d’où, il y a 2000 ans, « la barque » est arrivée.
Procession avec la barque aussi en octobre, le week-end le plus proche du 22, fête de sainte Marie-Salomé. C’est une même ferveur en la prière des Saintes cette fois portée par les gens de Provence et d’Occitanie, les confréries, les Gardians et les Arlésiennes qui rendent vivante la tradition.
Le premier week-end de décembre, le pèlerinage dit des Saintois fait mémoire de l’élévation des reliques dans la chapelle haute. Il se fait plus intime, plus recueilli dans l’atmosphère plus froide et silencieuse du village qui a pris ses quartiers d’hiver.
Ces pèlerinages sont à la fois différents et semblables. Semblables parce que chacun offre l’intense moment de la descente des châsses qui renferment les reliques de Marie-Salomé et Marie-Jacobé. Elles demeurent dans le chœur vingt-quatre heures et leur tout aussi intense remontée clôt le pèlerinage. Ils ne se racontent pas ces instants de la descente et de la remontée des châsses, ils se vivent. Comment dire la ferveur des chants, la simplicité bouleversante des cierges tendus vers celles dont la présence nous conduit à la Présence ? Semblables en ce qu’ils offrent de boire à la source de la foi populaire que le pape François dit « poumon de l’Église ».

Dans le lieu d’accueil qui jouxte le sanctuaire, des bénévoles vous accueillent pour écouter, répondre à vos questions et vous proposer quelques documents propres à accompagner votre découverte. Le recteur se rend disponible pour faire découvrir avec des guides bénévoles les richesses du message du sanctuaire.
 

Intérieur du sanctuaire
Intérieur du sanctuaire
Pèlerinage gitan
Pèlerinage gitan
Les châsses des saintes
Les châsses des saintes
Les saintes entourées d'ex-voto
Les saintes entourées d'ex-voto
samedi
7 décembre
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