Lisieux : une escale douce en Normandie

Il y a des villes qui ne cherchent pas à éblouir, mais à apaiser. Lisieux fait partie de celles-là. Nichée au creux des collines normandes, elle s’éveille dans une lumière tendre, celle qui accroche les ardoises après la pluie et dore les façades à colombages. Ici, les clochers répondent au chant des oiseaux, l’air sent la pomme mûre et la terre mouillée. On y vient pour flâner dans ses ruelles calmes, suivre les pas de Sainte Thérèse, écouter le vent frôler les pommiers et retrouver, l’espace d’un instant, le goût simple du temps qui passe lentement.

Visiter Lisieux

Que faire à Lisieux ce week-end ?

Repérer les jolies façades du cœur historique

En fin d’après-midi, j’ai garé la voiture sur une petite place pavée avant de partir à pied, sans plan, juste guidée par l’envie de me perdre un peu. Lisieux se découvre ainsi, au fil des pas et du hasard, le nez levé vers les façades à colombages qui se succèdent comme des pages d’un vieux livre. Ces maisons, petites merveilles de bois et de pierre, semblent patinées par le temps : certaines affichent des sculptures si fines qu’on croirait que les siècles les ont caressées, d’autres mêlent le brun profond du chêne au blanc crème des murs avec une élégance discrète. J’aime m’attarder sur les détails : les lucarnes, les ferrures anciennes, les poutres qui se croisent ; pendant qu’au loin, les cloches de la cathédrale Saint-Pierre résonnent doucement dans l’air doré. Tout ici respire la beauté tranquille d’une ville qui ne cherche pas à impressionner, mais simplement à accueillir.

Méditer au Sanctuaire de Lisieux

Au petit matin, je me suis glissée dans l’atmosphère feutrée du Sanctuaire de Lisieux, là où le parcours de Sainte-Thérèse se lit dans la pierre, la prière et le silence. Tout commence avec la majestueuse Basilique Sainte‑Thérèse : ce dôme de style romano-byzantin aux 95 mètres de haut qui, dès la façade, impose une présence douce, mais majestueuse. À l’intérieur, les murs et la crypte recouverts de marbres et de mosaïques parlent du message lumineux de Thérèse : la confiance et l’amour. 

Je me suis ensuite promenée jusqu’au Carmel de Lisieux, là où Thérèse vécut de ses 15 ans jusqu’à sa mort. Là, la chapelle garde sa châsse, le silence est presque palpable, et le mémorial retrace la vie monastique et le rayonnement de ses écrits (Histoire d’une âme). Ce coin invite à la méditation et à la simplicité. Pour achever mon voyage intérieur, j’ai fait halte aux Buissonnets, la maison familiale où Thérèse passa onze ans de son enfance. Chaque pièce, chaque marche respire encore les murmures d’une vie ordinaire devenue extraordinaire. À travers ces lieux (basilique, carmel, maison d’enfance), la ville de Lisieux devient un espace de recueillement, mais aussi un appel à "faire de manière extraordinaire des choses tout ordinaires", selon Thérèse.

Découvrir le Haras d’Écajeul

Au cœur du Pays d’Auge, le Haras d’Écajeul se dévoile comme un havre de calme et de beauté. Fondé dans les années 1960 par la famille Gris, il élève des pur-sang de course avec un mélange rare de rigueur et de tendresse. Dès l’arrivée, le parfum du foin sec, le souffle chaud des chevaux et la lumière douce qui traverse les boxes plongent dans une atmosphère à la fois noble et paisible. J’ai pu assister au débourrage des poulains, cette étape où le cheval apprend à accepter le cavalier et la selle. Autrefois, il fallait neuf jours de rodéo pour qu’un jeune cheval s’habitue. Aujourd’hui, en 45 minutes, avec des murmures, des gestes répétés et orchestrés comme une danse, le poulain découvre la confiance et la sécurité sans jamais subir de contrainte. Observer ce dialogue silencieux entre l’homme et l’animal, comprendre ses gestes, ses regards, sentir la patience et le savoir-faire transmis de génération en génération, est un vrai enchantement.

Admirer les châteaux de Saint-Germain-de-Livet et de Boutemont

À quelques minutes de Lisieux, le château de Saint-Germain-de-Livet déploie sa façade unique en damier de pierre blonde et de brique rouge. Un mariage rare entre architecture médiévale à colombages et élégance Renaissance. Sous le ciel changeant de Normandie, les couleurs vibrent, surtout quand les paons, véritables seigneurs du domaine, déambulent dans le jardin en déployant leurs plumes comme pour rivaliser avec les tourelles. Le château, entouré de douves miroitantes, flotte comme dans un rêve. Un peu plus loin, le château de Boutemont se découvre au bout d’une allée de cèdres immenses. Ici, ce sont les jardins qui volent la vedette : classés Jardin Remarquable, ils s’étendent comme une partition colorée : miroirs d’eau, topiaires ciselées, roses anciennes, sakura japonais et buis en arabesques. Je s’y promène comme dans un songe d’été, entre ordre parfait et douce poésie.

Cueillir l’instant à Orbec : la Champignonnière et le Petit Moulin

À Orbec, j’ai commencé ma balade par la Champignonnière, un lieu qui sent bon l’humidité et la terre fraîche. Dans ces caves où la température se stabilise à 14 °C (même en hiver), le mycélium travaille en silence et les champignons surgissent presque comme par magie. Mais derrière cette douceur se cache une histoire forte : en 1944, face aux bombardements, les galeries ont servi de refuge pour plus de 2 000 habitants, abritant familles et bétail dans un silence contraint ; entre pierre et ombre. En marchant entre les rangées de pleurotes et de champignons de Paris, je sentais ce mélange étrange de vie discrète et de mémoire vivante.

Un peu plus loin, le Petit Moulin d’Orbec raconte une autre facette du village. Son vieux bâtiment en pierre, restauré avec soin, abrite une machine hydraulique du XIXe siècle, la fameuse machine Bollée, qui alimentait autrefois les fontaines de la ville. Le doux clapotis de l’eau qui fait tourner la roue me transporte dans un autre temps, quand le moulin moudait le blé et offrait l’eau aux habitants. Les expositions temporaires et le parfum du bois ciré donnent à chaque visite un mélange de passé industriel et de poésie quotidienne, un endroit où l’histoire se respire autant qu’elle se voit.

Où manger

  • Bistrot du Comptoir de Pierre (Orbec) : super adresse ! Un déjeuner convivial et savoureux, avec des produits locaux et des recettes simples qui sentent bon la campagne. L’ambiance chaleureuse invite à prolonger le repas et à savourer chaque bouchée. 

  • L’Ordonnance : un lieu cosy où le marché et les producteurs locaux sont à l’honneur. Tout est délicieux : fromages affinés, vins sélectionnés, et petites assiettes de saison pour un déjeuner léger et raffiné avant de repartir explorer le sanctuaire.

  • La Coupe d’Or : parfait pour le dîner, ce restaurant met en avant les produits frais de Normandie dans une cuisine maison généreuse. L’ambiance calme et feutrée complète la magie d’une journée de balades et de découvertes.

  • Restaurant du Grand Hôtel de l’Espérance : une immense salle dans un cadre élégant en plein centre-ville, idéal pour un repas en famille ! Les plats conjuguent tradition normande et touches contemporaines façon "bistrot".

Où dormir

  • Manoir de l’Évêché : calme et raffiné, idéal pour se ressourcer après une journée de visites. Les appartements offrent confort et charme, certains avec vue sur le jardin ou les toits de la ville, parfait pour prolonger la douce parenthèse normande.

  • L’Ermitage : un hôtel simple et agréable situé à côté du Carmel, offre un cadre reposant après les journées de pèlerinage. Son emplacement pratique en font un pied-à-terre idéal pour explorer Lisieux et ses alentours.

 

Une parenthèse réconfortante

Reportage réalisé dans le cadre de ma mission “Mange, Prie, Aime” avec Villes Sanctuaires en France.

mardi
28 octobre
14°
11° / 14°