Une halte spirituelle, une nature sauvage
À une heure de Marseille, j’ai atteint le bout du monde : Les Saintes-Maries-de-la-mer. Des plages sauvages survolées par toutes sortes d’oiseaux, des étangs et des prairies humides parsemés de chevaux, une terre où les traditions provençales se mêlent à la spiritualité depuis l’arrivée sur ce rivage de méditerranée de trois Saintes prénommées Maries. Une étape pour des milliers de visiteurs au cœur du Parc Naturel Régional de Camargue.
Terre du Sud de la France
Pour clôturer ce tour de France des Villes sanctuaires en France où tourisme et spiritualité s’allient pour proposer des étapes ressourçantes que l’on soit croyant ou non-croyant, je pose mes valises sur ce morceau de terre du Sud de la France, je m’offre une respiration à la fois douce et iodée.
J’aurais aimé choisir le mois de mai pour découvrir les Saintes-Maries-de-la-mer, car à cette période est organisé le pèlerinage des Gitans. Ils viennent de toute l’Europe rendre grâce à sainte Sara leur protectrice, la ville s’anime alors au son des guitares, violons et claquements de mains, les roulottes et robes à volants y ajoutent une palette de couleurs. Mais mon choix définitif s’est arrêté sur le mois d’octobre, j’aime l’automne pour voir les orangers de la nature se confondre avec ceux du soleil rasant et marcher derrière les reliques des Saintes jusqu’à la mer lors du second grand pèlerinage de l’année.
Pour arriver jusqu’aux Sainte-Maries, j’ai traversé un paysage plat et parsemé d’étangs entre Mer Méditerranée et Petit Rhône, quelques vignobles aussi. En pâture des taureaux et des chevaux de race camargue surveillés par des gardians, cowboys provençaux dans leurs manades. Un ciel d’un bleu profond et une mer aux couleurs changeantes qui ont inspiré le peintre Vincent Van Gogh durant son séjour qui contrastent avec le blanc de l’architecture locale.
Nul doute qu’ici tout est propice au ressourcement. Je comprends pourquoi les flamants roses y vivent à l’année. Les pistes cyclables appellent à de longues balades en famille pendant lesquelles chacun émet des “Waouw c’est trop beau”. Sanctuaire spirituel, les Saintes-Maries-de-la-mer invitent les pèlerins au recueillement dans une église forteresse dont on distingue le clocher plusieurs kilomètres à la ronde.
On raconte qu’ici auraient accosté plusieurs chrétiens fuyant les persécutions qui sévissaient en Palestine autour de l’an 45. Proches parentes de Jésus et de la Vierge Marie, Marie Jacobé, Marie Salomé et Marie Madeleine auraient dérivé en Méditerranée sur une barque sans voile ni rame. Si le nom de la ville fût choisi en l’honneur des Saintes, l’église, elle, est dédiée à la Vierge Marie sous le vocable Notre Dame de la Mer. L’édifice protège précieusement les reliques de sainte Marie-Jacobé et de sainte Marie-Salomé. Enfermées dans deux coffres (châsses) peints disposés dans une petite ouverture de la Chapelle Haute en surplomb de la nef, celles-ci sont descendues et offertes à la vénération des pèlerins lors des grands pèlerinages.
Expérimenter le sentiment de paix intérieure
En ce jour de fin octobre, les pèlerins affluent pour effleurer les coffres du bouts des doigts, et expérimenter le sentiment de paix intérieure pour retrouver la force d’affronter les aléas du quotidien. Au sanctuaire des Saintes-Maries-de-la-mer je prends du recul et je pense à ma famille.
Une méditation qui se poursuit en marchant vers la mer derrière la procession en l’honneur des deux saintes. J’entends que chacun veille ici au maintien des traditions, selon le souhait du Marquis de Baroncelli créateur de la «Nacioun gardiano», que les sabots des chevaux, des taureaux, frappent régulièrement le sol de la cité camarguaise, et que les costumes provençaux si chers à Frédéric Mistral sont portés lors de chaque évènement culturel.
De mon séjour aux Saintes-Maries-de-la-mer, je retiens la sensation du vent sur ma peau au grand galop sur la plage comme dans un remake de crin blanc, la beauté d’un envol de flamants roses et la saveur du produit star cultivé dans les rizières locales cuisiné par les chefs camarguais.
La force du taureau est en moi !