Une ville marquée par des femmes, un sanctuaire du couple et de la famille.
Protégée par d'épaisses forêts, bordée par les Alpes Mancelles, et bercée par le mouvement de la rivière Sarthe, j’ai posé mes valises à Alençon. J’ai écouté des hommes et des femmes me dire l’importance du lien qui se tisse en famille puis je suis tombée sous le charme de la célèbre dentelle née elle aussi d’un lien, tissé d’une autre façon. A deux heures et demie de Paris, une ville, un sanctuaire, une histoire et une gastronomie qui fait de la Normandie, l’une des meilleures cuisinières de France.
Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus à Alençon
Il y a quelques jours, à Lisieux, j’ai rencontré une Sainte, Thérèse, qui a voué sa courte vie à Dieu. Encore émue par son histoire, j’ai décidé de remonter le temps et de découvrir à Alençon comment tout a commencé, la naissance d’un couple exemplaire, d’une famille de Saints.
Le soleil parfois timide, illumine aujourd’hui mon périple sur les routes de l’Orne. Je traverse la forêt d’Ecouves où l’oranger des chênes en cette saison contraste avec le vert des résineux qui eux resteront bien couverts cet hiver. L’odeur de l’automne s’estompe au fur et à mesure que j’avance vers la ville.
Rares sont les villes qui peuvent se vanter d'être entourées de deux Parcs naturels régionaux, Alençon n’en est pas prétentieuse pour autant. Avant de parcourir les rues dans les pas des pèlerins, à la rencontre de Louis et Zélie Martin, je m’attarde dans la campagne de Semallé, pour visiter la maison de Rose, la nourrice du bébé fragile qu'était sainte Thérèse. Aucun doute sur ce qui a motivé les parents dans leur choix car tout ici est paisible, même les quelques chevaux en pature ont l’air détendu.
C’est donc à l’image de ces derniers que j’entre dans Alençon... détendue. Le paysage devient urbain. Un patrimoine architectural riche, laissé intact malgré les bombardements de la seconde guerre mondiale. Je flâne un moment dans les ruelles pavées de la vieille ville, impatiente d’entrevoir la Basilique Notre-Dame où fut célébré le mariage de Louis et Zélie Martin en 1858. De la rue du Bercail, je distingue son portail, tel de la dentelle, si finement sculpté. J’entre, légère comme sainte Thérèse de l’enfant Jésus, au jour de son baptême dans les bras de sa mère.
Dans cette ville, de nombreuses femmes ont rêvé, espéré, entreprit...
Dans cette ville, de nombreuses femmes ont rêvé, espéré, entreprit me dit-on. D’abord Marguerite de Lorraine, puis Marguerite de Navarre et Marthe la Perrière créatrice du point d’Alençon qui fit connaître la dentelle du même nom à l’international.
Et il y a un couple qui, un jour, fut foudroyé par l’amour sur un petit pont de la ville. Louis et Zélie Martin sont canonisés en 2015 pour avoir été un couple ainsi que des parents exemplaires pour de nombreux chrétiens.
Enfin, je suis entrée dans leur quotidien au 50, rue Saint-Blaise. Une petite maison bourgeoise en brique rouge, un sanctuaire. Ici, des joies, des peines, des prières et la foi ont rythmé les journées des cinq filles et de leurs parents. J’ai laissé le joyeux tumulte de la ville dehors en fermant la porte, et désormais tout est calme. Les petites sœurs de Sainte-Thérèse m’accueillent et me racontent. Je déambule et m’attarde devant la chambre parentale.
Je parviens à entendre le crissement de la plume de Zélie dans une de ses correspondances, les jeux des enfants, la voix rassurante et maternelle qui annonce le repas, celle de Thérèse qui appelle sa maman depuis l’escalier.
De la chambre, un passage vers la chapelle attenante, trois marches et ces mots :
Dieu premier servi, Amour et confiance, Justice et charité.
Des ex-voto sur les murs viennent témoigner des miracles obtenus par l’intercession des époux Martin.
Je pense souvent qu’il devrait exister une école pour apprendre à devenir parents, ici pas de cours mais un exemple à suivre pour trouver le sens et être ensemble.
De mon séjour à Alençon, je retiens une ville qui, dans son agenda familial, note aussi de ne pas oublier de prendre soin de la (sa) nature.