Histoires et légendes

Petit mémo de l’histoire d’une ville en Normandie.

Vous avez envie de partir, d'être dépaysé. Quelles découvertes vous attendent à Alençon ? Au carrefour de plusieurs régions, une histoire marquée par des femmes célèbres, un couple de Saints, et un savoir-faire unique empreint de délicatesse. 

A mi-chemin entre Rennes et Paris, entourée de forêts (D'Ecouves et Perseigne), bordée au sud par les Alpes Mancelles, la ville d'Alençon s’est développée dans un méandre de la rivière Sarthe. Elle aurait pu être Sarthoise, mais son histoire, bien que mouvementée, l’a voulu définitivement Normande.

Une partie de la ville a été construite avec le granit d’Alençon extrait à l’ouest de la ville jusqu’en 1985. Parfois, en creusant, on tombait sur un bloc de quartz fumé, appelé “ Diamant d'Alençon ” utilisé encore aujourd’hui en joaillerie.

La Sarthe à Alençon
La Sarthe à Alençon

Quelques dates a retenir :

Époque gallo-romaine et Moyen-Âge

Si l’on trouve des traces d’une présence de l’homme à l'époque gallo-romaine dans les villages alentours, Alençon n'était alors qu’un passage entre les deux rives de la Sarthe, pour preuve les pièces de monnaie retrouvées dans certaines rues de la ville.

Au Moyen-Âge, le bourg ne porte pas encore ce nom. Il appartient au duché du Mans et subit de plein fouet les invasions vikings. 

La renaissance

C’est au XVème siècle que la ville entre pleinement dans l’histoire. Érigée au statut de duché, elle connait l’essor grâce à l’action de Marguerite de Lorraine. Veuve du Duc René d'Alençon, elle rétablit les finances et réforme la justice. Les pauvres et les malades tiennent une grande place dans sa vie quotidienne. Elle fonde des hôpitaux, restaure des églises, ouvre des monastères. Elle finira par suivre la voie religieuse au monastère des Clarisses.

Une deuxième femme dans l’histoire d'Alençon ! Parmi les Marguerites je demande celle de Navarre ! Grande sœur de François 1er, épouse de Charles d'Alençon, elle réside avec son mari et sa belle-mere (Marguerite de Lorraine ) dans le château. Veuve, la reine de Navarre établit sa cour en Normandie. Amoureuse de littérature, elle s’entoure d’hommes de lettres dont le poète officiel à la cour du roi François 1er, Clément Marot. De ce dernier, Boileau dira au siècle des lumières “Imitez de Marot l’élégant badinage”. 

L’ouverture et la tolérance de la reine permettront aux idées calvinistes de se répandre dans la ville qui deviendra le premier foyer de la “ Réforme ”. 

En 1529, le protestant Simon Du Bois imprimera le petit catéchisme de Luther, c’est le début d’un savoir-faire florissant à Alençon. Rapidement, malgré les efforts de la reine pour maintenir la paix, les protestants vont piller la ville, saccager les églises, pour finalement interdire le culte catholique. De nombreux alençonnais partiront vers l’Angleterre.

XVIIème XVIIIème siècle

En 1660, une troisième femme va contribuer à la réputation de la ville. Il s’agit de Marthe La Perrière, sa profession : dentellière. En inventant le point d'Alençon, elle place la ville en concurrence directe avec celle de Venise qui excelle, elle aussi, dans l’art de la dentelle. A cette époque, la dentelle à l’aiguille est fabriquée à Alençon par 8 000 dentellières au sein d’une manufacture, titrée royale en 1665, par le célèbre Colbert, Jean-Baptiste de son prénom et ministre des finances de Louis XIV. 

Entre 1766 et 1789, la ville sera réaménagée au travers d’importants travaux d’urbanisme. Constructions et démolitions s’enchainent. La Révolution ne fera pas trop de remous à Alençon.

XIXème siècle

Au XIXème siècle, Auguste Poulet-Malassis dirige les Impressions Alençonnaises créés en 1671 par deux associés dont son ancêtre, Jean Malassis. En 1857, Auguste édite les Fleurs du Mal de son ami Charles Baudelaire. Ils seront accusés d’outrage aux bonnes moeurs. 

C’est en 1858 que les Saints Louis et Zélie Martin se rencontrent sur le pont de Sarthe à Alençon, puis se marient dans l'église Notre-Dame.
En 1873, de cette union, nait Thérèse Martin. Elle deviendra sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, plus connue sous le nom de sainte Thérèse de Lisieux.

XXème siècle

En 1937, Jean Mantelet invente le  "Moulin-Légumes" et installe son entreprise du même nom à Alençon. Elle deviendra plus tard l'entreprise Moulinex.

Pendant la seconde guerre mondiale, Alençon est occupée par les allemands. Le 1er août 1944,  le général Leclerc débarque en Normandie. Il vient à Alençon avec sa division blindée pour rencontrer les troupes alliées qui descendent du nord vers Argentan, et ainsi pieger les soldats allemands. Sans même un coup de feu, la ville sera la première à être libérée par les forces françaises.

Le 16 novembre 2010, le savoir-faire de la dentelle au point d'Alençon est inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.

La communauté urbaine d’Alençon, compte aujourd’hui 59 000 habitants. Idéalement située, la ville offre la possibilité aux visiteurs de concilier tourisme vert, culturel et spirituel grace au Sanctuaire Louis et Zélie Martin, canonisés en 2015. 

Ruelle de la vieille ville
Ruelle de la vieille ville
Pont de la rencontre entre Louis et Zélie martin
Pont de la rencontre entre Louis et Zélie martin
Voile de mariée en dentelle au Point d'Alençon
Voile de mariée en dentelle au Point d'Alençon

Légendes

Une quatrième femme pour une légende à Alençon. 

Le fantôme de la dame blanche pleure son enfant du haut de la tour couronnée du château d'Alençon. Certains ont cru entendre ses lamentations.
Celle-ci, bien qu'ayant vécu au Moyen Âge n’aurait pas vraiment disparu. 

Marie Anson était mariée au chevalier Renaud. Tous deux vivaient dans une des tours du château. Ce dernier, parti en guerre, laissa place libre aux courtisans. Marie, forte, résista aux assauts, mais l’un des éconduits, non content de son sort, manigança pour faire croire au mari à l’infidélité de sa femme. A son retour, un enfant est né, et Renaud n’imagine pas que celui-ci puisse être de son sang. Furieux, il s’empressa de tuer le nouveau-né, puis de trainer sa femme dans les rues de la ville, attachée au cheval par la tignasse. Plutôt conciliante, la femme aurait pardonné son mari pour l’humiliation subie, mais jamais pour la mort de son enfant. Les habitants colportent depuis, cette légende qui, dit-on, pourrait être inspirée d’une mortelle querelle entre Brunehaut, reine d’Austrasie et Clotaire II, roi de Neustrie. 

Parc urbain situé dans l'ancien château des Ducs
Parc urbain situé dans l'ancien château des Ducs
Ancien château des Ducs d'Alençon