Un sanctuaire au milieu des montagnes
Au cœur des Alpes, dans le département de l’Isère, j’ai vu le turquoise des lacs, le vert des sapins et le bleu du ciel, puis imaginé la neige en hiver. J’ai écouté le tumulte des rivières, les pèlerins en prière, et à 1800 mètres d’altitude, un sanctuaire qui transmet le message de la Vierge Marie. J’ai découvert un pays traversé par de grands noms de l’histoire, à l’image de Napoléon, et une gastronomie à vous faire déplacer les montagnes.
Au Puy en Velay, j’ai vu la statue de la Vierge Noire et des pèlerins s’apprêtant à marcher sur la “Via Podiensis” vers Saint Jacques de Compostelle. Ma prochaine étape est en Matheysine, pour tenter de percer le mystère d’une apparition au sanctuaire de Notre-Dame de La Salette.
J’aime la neige, la dentelle de ses flocons, son crissement sous mes pas, sa capacité à tout embellir et sa propension à faire ralentir le monde, mais force est de constater que l’été sied aussi parfaitement à la montagne. Sur les pentes douces couvertes de prairies on aperçoit chèvres, moutons et vaches en plein festin, des randonneurs aussi. Les nombreuses forêts offrent un refuge idéal pour un peu d’ombre et de fraîcheur au cœur du mois d’août.
En empruntant la N85, la “Route Napoléon”, j’ai suivi une partie de l’itinéraire choisi par le célèbre empereur à son retour de l’île d’Elbe pour monter vers la capitale et renverser la monarchie. Napoléon séjourna même à Corps, petit village inscrit sur ma “to-see list”. La Matheysine apparaît comme un plateau bordé par de hauts sommets et le Parc National des Ecrins. Cette destination offre une multitude de lacs, rivières, et cascades, pour goûter aux plaisirs de la randonnée, de la baignade et des sports nautiques.
Après un arrêt dans le village de Corps pour visiter les maisons d’enfance de Mélanie Calvat et Maximin Giraud, j’entame mon ascension vers le sanctuaire dédié à celle qui leur est apparue, Notre-Dame de La Salette. J’imagine ces deux enfants arpenter des chemins étroits, parcourir les immenses pâturages pour surveiller le troupeau. La basilique et ses bâtiments annexes sont seuls dans l’immensité naturelle du lieu. Ici, on parle de paix, celle évoquée par la “Belle Dame” et celle que la beauté du paysage fait naître en nous.
C’est donc sur la voie de l’apaisement que je découvre l’histoire de l’apparition. Le 19 septembre 1846, la Vierge Marie, en pleurs, confie à deux enfants bergers, Mélanie, 15 ans, et Maximin, 11 ans, son inquiétude pour “son peuple”. Elle l’appelle à retrouver la foi, le chemin de l’église le dimanche, et à ne plus blasphémer. Avant d’être authentifiées le 19 septembre 1851, ces paroles, celles d’une mère pour ses enfants, vont faire l’objet d’une enquête menée par l’évêque de Grenoble.
L’année suivante, en 1852, débute la construction d’une grande église sur le lieu même de l’apparition.
A l’accueil on m’explique comment le message, transmis il y a bientôt 175 ans, continue à interpeller les pèlerins. Des mots qui font écho à l’actualité de notre siècle : peur, travail, respect, solidarité, souffrance, enfance et famille...
Je m’arrête dans la Chapelle de la Rencontre, et m’assoie face aux baies vitrées pour me recueillir un moment tout en contemplant la nature.
Sur l’esplanade, autour de moi, certains ne prient pas. La magie du lieu parle aux croyants comme à ceux qui ne croient pas en Dieu. Mais, je peux entendre qu’on y vient du monde entier tant il y a de mots, de phrases, que je ne comprends pas. Le tintement des cloches joue à ricochet avec les montagnes comme pour tromper le silence.
De mon passage au sanctuaire de Notre-Dame de La Salette, je retiens, les couleurs flamboyantes du Christ peint dans le chœur de la basilique par le peintre et sculpteur Arcabas, le goût anisé du murçon, le chant des oiseaux qui ont tant inspiré le compositeur Messiaen, et la douceur du soleil sur mon visage un jour d’été.
J’ai expérimenté la paix, avec moi-même, les autres, et la nature.