Une sainte, un sanctuaire, deux lieux et tout un territoire à découvrir.
Dans le Var en Provence Verte, j’ai visité la Sainte-Baume. Une petite ville aux ruelles étroites et à l’architecture provençale, une basilique chef d’œuvre de l’art gothique, une grotte dans la falaise et les reliques vénérées de sainte Marie-Madeleine. J'ai suivi l'itinéraire des plus grands rois, pèlerins historiques. J’ai éprouvé de l’admiration pour les milliers de visiteurs qui marchent chaque année vers le sanctuaire en quête de force et d’espoir. Une nature à couper le souffle et une gastronomie qui permet de le reprendre.
Voilà 5 heures que je suis en voiture depuis Lourdes vers Saint Maximin et la Sainte-Baume. Je fais officiellement partie des 6 millions de pèlerins qui viennent à Lourdes rendre grâce à la Vierge Marie chaque année. Je garde en moi l’émotion d’une foule à l’unisson qui espère le miracle, la guérison. La “Dame” que je m'apprête à rencontrer n’était pas prédestinée à devenir sainte, Jésus l’a libérée et elle l’a suivi. Elle s’appelle Marie-Madeleine.
La présence du soleil en Provence n’est pas une éventualité, il brille l’été, et aussi le reste de l’année. En ce mois d’août, je n’ai pas l’impression de vivre dangereusement en ayant rempli ma valise de vêtements légers, et d’aucun imperméable. Je suis dans le sud de la France, à quelques kilomètres de la mer Méditerranée, j’entends les cigales, je respire la lavande, la ratatouille qui cuit lentement, et les herbes sauvages grillées par la chaleur estivale. Je me mets sous la protection d’un nouveau Parc Naturel Régional, celui de la Sainte-Baume, frôlé par celui du Verdon et ses célèbres gorges.
Décrire le paysage de Saint-Maximin et de la Sainte-Baume, c’est ressentir l’émotion de Cézanne peignant la montagne Sainte-Victoire toute proche d’ici. La ville de Saint-Maximin est entourée de champs de blés, et les oliviers paisibles attendent la récolte. Je poursuis ma route vers l’hostellerie de la Sainte-Baume à Plan-d'Aups, de là je prendrai le chemin emprunté par Saint Louis, François 1er et Louis XIV en essayant de ne pas prendre la grosse tête. Je me stationne et chausse mes godillots en prévision d’une randonnée vers la grotte dédiée au culte de Marie-Madeleine. Je quitte la plaine pour une forêt “relique” de celle, plus dense, qui couvrait la Provence à la fin du tertiaire. L’ombre accompagne mon ascension via le chemin forestier.
Dernier effort, 150 marches pour découvrir la grotte creusée dans la falaise. Il est encore tôt et tout est paisible sur le parvis. La brume flotte encore sur la vallée qui s’étale à perte de vue. Le site est vertigineux. Qu’est-ce qui a poussé une fidèle disciple de Jésus jusqu’ici ?
Peu après avoir vu le Christ ressuscité, Marie-Madeleine part évangéliser l’Occident avec son frère Lazare et sa soeur Marthe. J’apprends qu’après s’être arrêtée à Marseille, c’est seule qu’elle s’établit en ermite dans cette vaste cavité les trente dernières années de sa vie. Depuis que ses reliques ont été retrouvées puis authentifiées au XIIIème siècle, les pèlerins viennent les vénérer seuls ou en procession (à la grotte et dans la crypte de la basilique) pour entendre le message passionné de cette femme aux multiples visages.
Je marque une pause pour me recueillir comme Charles de Foucauld en 1900, avant de reprendre ma route pour visiter la petite ville de Saint-Maximin, sa basilique construite à l’emplacement même de la découverte des fameuses reliques. Le frère dominicain a entendu mes tracas et je repars forte à l’assaut de la vie.
Deuxième ville plus importante de la Provence Verte, elle est vivante de l’animation des ruelles médiévales en été, de l’eau des fontaines qui donnent envie de s’assoir en terrasse et commander un rafraîchissement, du tintement des cloches de la basilique, ma prochaine étape. Je pénètre le troisième tombeau de la Chrétienté, l’orgue distille sa mélodie par ses 2960 tuyaux et l’immensité de l’édifice intensifie mon émotion. C’est dans la crypte qu’a lieu le face à face avec les reliques de Sainte Marie-Madeleine, cet échange là ne fait pas de bruit, il passe par le coeur.
J’aurais pû rester encore à me délester de mon fardeau auprès de celle qui est "apôtre des apôtres", mais aussi une femme libre dans ses choix, dans ses actes, dans ses passions. Finalement tout cela est très actuel, et sa force m’accompagne désormais dans ma vie de femme, de mère, d’épouse, non pas pour déplacer les montagnes, elles vont si bien à la Provence, mais plutôt comme une école de vie.